Il était une fois
Il était une fois - Touda Bouanani
Exposition à Galerie Fatma Jellal (Casablanca)
du 22 février au 22 mars 2014.
Pour sa première exposition personnelle mêlant vidéos, installations et œuvres sur papier, Touda Bouanani radicalise sa démarche faite de référence, d’appropriation et de dialogue intertextuel, en liant de manière décisive sa propre pratique artistique à celle de « gardienne et passeuse de l’héritage familial» qui est la sienne depuis la mort de son père le cinéaste, dessinateur, romancier et poète marocain Ahmed Bouanani (1938-2011).
Dans IL ETAIT UNE FOIS, l’artiste donne une valeur merveilleuse aux histoires qui la composent, en utilisant les symboles du conte qui ont accompagné son enfance, car omniprésents dans l’œuvre artistique de ses parents et particulièrement dans le film onirique et expérimental Les 4 sources (1977, 35min).
Son père, Ahmed Bouanani est un conteur. Il a dédié sa vie à raconter des histoires, à travers le dessin, la littérature, le cinéma, la poésie, mais aussi lors de longues soirées en famille et entre amis. Un conteur discret et parfois même silencieux, mais qui a marqué la littérature et le cinéma marocain par les rares œuvres qu’il a présentées de son vivant, notamment le roman l’Hôpital (Editions Stouky, 1980), le recueil de poèmes Les Persiennes (Editions Stouky, 1980), et le long métrage Mirage (1979, 100min), trois œuvres majeures, fondatrices de la modernité de la création marocaine.
Ahmed Bouanani est réduit au silence la première partie de sa vie par la censure, de l’interdiction de la Revue Souffles à laquelle il collaborait avec Abdelatif Laabi, à la censure de son propre film Mémoire 14, d’une puissance politique et poétique inégalée jusqu’à ce jour, et dont il ne reste aujourd’hui que 30 minutes des 108 minutes initiales. Monteur et réalisateur au Centre Cinématographique Marocain, il se verra même interdire la réalisation de ses propres œuvres, qui sont parfois attribuées à d’autres.
Le silence, il a fait le choix d’y rester dans la seconde partie de sa vie. Ne faisant plus confiance à ceux qui dominaient alors l’édition ou la production cinématographique, il avait déjà cessé depuis longtemps de publier ou de réaliser des films. Mais sans jamais pour autant arrêter d’écrire et de dessiner, pour lui ou parfois pour les autres. Suite à deux drames familiaux consécutifs : la mort de sa fille Batoul en 2003 et l’incendie de l’appartement familial à Rabat en 2006, il choisit de vivre à la montagne, à Ait Oumghar. Il y décède en janvier 2011, sans avoir jamais remis les pieds dans l’appartement de Rabat où sont entassés les œuvres de sa vie qu’il imagine détruites à jamais par le feu.
Mais de ce silence sont pourtant nées de nombreuses autres histoires. Et c’est à la mort de son père que Touda Bouanani a découvert, en exhumant cartons après cartons les affaires familiales sauvées de l’incendie, des manuscrits inédits, des dessins, des story-board, des nouvelles, des planches de Bande Dessinée, des poésies, mais aussi les décors et costumes de sa mère Naima Saoudi (1947-2012), ou encore les dessins et les bijoux de sa sœur Batoul Bouanani (1969-2003), et toutes les archives accumulées par la famille. (...)
Il était une fois est une exposition événement, à la fois pour les œuvres inédites de Ahmed Bouanani qui seront dévoilées au public pour la première fois, mais aussi pour la richesse de ce dialogue familial en mouvement qui résonne comme un conte merveilleux et nous fait traverser un demi siècle de création au Maroc.
Artistes invités: Mohamed Abouelouakar (né en 1946 à Marrakech) et Nawal Skalli (née en 1987 à Casablanca)
Atelier Manuscrits
Atelier participatif pour découvrir, lire, scanner, numériser, inventorier et retranscrire les manuscrits inédits du cinéaste, dessinateur, romancier et poète marocain Ahmed Bouanani (1938-2011).
L’objectif de ce workshop participatif est de faire découvrir l’œuvre inédite de Ahmed Bouanani mais surtout d’œuvrer à sa préservation et de faciliter le travail de publication à venir.
Avec la partication des étudiants de la licence de cinéma de l'Université Ben Msik (Casablanca)
Commissariat : Léa Morin
Naima Saoudi, Les 4 sources © Archives Bouanani
Al bouraq amoureux, Ahmed Bouanani, 1982 © Archives Bouanani